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A propos / Remerciements

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Lucas

Frédéric

“J’essaie de ne pas compter les jours sinon ça fait long.”

“C’est trop facile de trouver l’excuse “j’ai été incarcéré”, la chance il faut la provoquer soi-même.”

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Un moment avec Lucas.

 

Il est 16 heures, j’attends Lucas place de la République à Metz. Je lui ai donné rendez-vous pour discuter, prendre des photos, en dehors d’Alerpi. Je sens qu’il a déjà un pied dehors, embrassant sa liberté, avec l’urgence de quitter l’association.

Je le vois arriver de loin, avec un grand sourire. Nous nous asseyons sur un banc, près de l’esplanade. Je lui pose des questions sur ce qu’il prévoit de faire dans les semaines qui viennent. Il me parle de son nouvel appartement. Mais également de ses enfants et de son envie d’avoir la garde, de passer le plus de temps possible avec eux. Nous parlons un peu de son enfance, de son adolescence. il me raconte qu’il a fait du football, longtemps, mais qu’il a abandonné cette discipline, n’étant pas vraiment passionné. Nous parlons de la ville, il ne s’y sent pas forcément bien mais accepte de s’être éloigné de ses anciens amis. D’autant plus que ses enfants sont ici. Quand il sera installé, il aimerait vivre sur Nancy, car il y a passé quelques mois et préfère la ville.

 

Lucas m’a paru, à chacun de nos entretiens, quelqu’un de serein et de posé. “J’ai eu une vie dissolue”, m’avait-il avoué lors de notre première entrevue, “j’ai fait quelques bêtises”. Une adolescence un peu agitée qui l’a conduit en prison, et des sorties non préparées qui ont fait de lui un récidiviste : “Quand je suis sorti les deux premières fois je m’en foutais, je savais que j’allais refaire des conneries. Aujourd’hui je ne vois plus les choses pareil.”   

 

Nous nous baladons au centre-ville de Metz. Toujours en discutant de la vie en général. Tout ne tourne pas autour de la prison, il s’en éloigne, je sens qu’il en a marre de parler de ça. Je pense surtout qu’il a l’impression de tourner en rond, dans un vase clos, prisonnier de sa condition d’ancien détenu. Quelle ironie.

 

Après une longue marche, nous nous arrêtons près du temple neuf. Lucas veut simplement essayer de devenir quelqu’un de meilleur. Il aimerait travailler sur sa sociabilité : “À la base je suis quelqu’un qui n’est pas très sociable, bien que je m’intéresse aux gens. C’est ça aussi que j’essaie de travailler maintenant parce que je me rends compte que ce n’est pas en étant asocial qu’on avance , donc je prends le temps que j’ai libre maintenant pour améliorer les choses notamment sur moi-même.”

 

Lucas m’a donné une leçon sur ce qu’est ou peut être la réinsertion. Dans son chemin personnel, il n’est pas vraiment question des institutions, personne n’est vraiment là de toutes façons. Il m’a donné une leçon sur la volonté, la détermination. Sur la patience aussi, même si j’ai très vite compris que c’était le plus difficile pour lui.

 

Il ne se plaint pas d’être allé en prison, ne se plaint pas d’en être sorti. Bien sûr il y a ces journées de doutes où tout paraît difficile, mais il s’accroche. Même en prison, le jeune homme semble avoir rentabilisé son temps à coup d’instruction : “Qu’on soit à l’extérieur ou à l’intérieur, il faut s’instruire, être cultivé.” Et aujourd’hui, après toute cette vie décousue, il choisit d’être ‘honnête’, comme il me dit souvent en riant. “J’ai vieilli, entre temps j’ai eu une vie de famille, j’ai des responsabilités, c’est compliqué de reprendre tout en cours de route, mais si on a la volonté alors on peut. C’est trop facile de trouver l’excuse “j’ai été incarcéré”, la chance il faut la provoquer soi-même.”



 

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Une permanence à Alerpi.

 

J’arrive dans les locaux de l’association aux alentours de 9h30. La bénévole de permanence m’accueille et me propose de boire un café. Je m’installe à la grande table de la salle de vie en tant que spectatrice. Je vois la bénévole régler tous les petits problèmes des résidents.

Au bout d’une heure, elle n’a toujours pas enlevé son manteau. Il faut gérer les sorties de leurs studios (ils laissent leurs clés aux bénévoles), les réveils pour ceux qui ont des rendez-vous et qui les ont oubliés, noter les allées et venues sur un carnet de bord.

 

Frédéric arrive après avoir eu son rendez-vous avec la SPIP. Il se sert un café et nous commençons à parler. C’est la première fois que je le rencontre, il est arrivé à Alerpi il y a peu. Malgré mon projet, nous ne parlons pas de la prison mais de tout ce qu’il y a de plus normal. On discute de travail, il envisage de partir plus tard en Suisse ou au Luxembourg. À ce moment-là, je ne sais pas qu’il n’est pas totalement libre. C’est le début de mon enquête et je connais mal les termes adéquats.

 

J’apprendrai plus tard que Frédéric est en aménagement de peine, il finit sa condamnation dans l’enceinte d’Alerpi.

 

Il a des horaires à respecter, des permissions de sortie à demander s’il veut partir durant un week-end. En clair, il est encore un peu prisonnier du système carcéral, mais lors de notre premier entretien, je perçois chez lui qu’il a réellement besoin de cet entourage. “Le plus dur c’est de tout respecter, il ne faut pas louper une chose sinon c’est direct par la case prison”.  

 

D’autres résidents arrivent dans la salle de vie. J’entends des bribes d’histoires, toujours autour de café qui semble être la boisson de référence ici. La bénévole me parle de l’association, de son fonctionnement, de son engagement à elle dans l’accompagnement de personnes détenues ou sorties de prison.

 

Frédéric est quelqu’un de calme et je sens qu’il vit vraiment sa vie paisiblement, il ne se pose pas trop la question du regard des gens. Mais lors de notre deuxième entrevue il révèle une certaine vulnérabilité. Ses séjours en prison l’ont touché et même au sein d’Alerpi je sens qu’il cherche sa place. Le 11 mai 2017, il sera totalement libre : “j’essaie de ne pas compter les jours sinon ça fait long.”

 

Je le recroise plusieurs fois au cours de la réalisation de cette enquête, en général, nous discutons un moment. Il avoue que “se remettre dans le bain prend du temps.” Mais qu’il est content d’être “dans la vie active.”

 

Au fond, tout ce que veut ce jeune homme, un peu brisé par le système carcéral c’est être un citoyen normal et comme il me le dit lors de notre deuxième entretien “je veux être heureux.”

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Sur cette page je vous propose de découvrir d'autres aspects de Lucas et Frédéric à travers des vidéos et des textes. Les vidéos racontent un peu plus ce que les deux hommes pensent de la prison. Les textes sont des moments de vie passés avec eux. 

 

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